L’avantage de l'OBS, c'est le dialogue qui existe avec les producteurs
Jean-Marc Roué est producteur à Plougoulm et président de l’OBS.
Nous avons su mettre en place des outils pour construire notre indépendance génétique. Mais il faut rester réaliste et vigilant : tentons encore, le plus longtemps possible, de ne pas dépendre totalement de l’extérieur. Les petites structures comme l’OBS sont rares, l’essentiel du marché de la génétique végétale est concentré entre les mains de deux grands groupes. On ne peut pas compter sur eux pour prendre en compte tous les intérêts d’une toute petite partie de la Bretagne agricole. L’avantage de notre structure, c’est le dialogue qui existe entre les producteurs et l’OBS. Il est installé de longue date en chou-fleur, mais la démarche est la même pour les autres espèces travaillées.
CHOU-FLEUR : DES RESPONSABILITÉS PARTICULIÈRES
En chou-fleur, l’OBS se doit de travailler sur l’ensemble des précocités, sur tous les créneaux de production. Face à la concurrence, il faut que l’OBS soit compétitif en prix, en qualité génétique et en quantité de semences.
Un autre devoir qui incombe à l’OBS, c’est de sécuriser l’approvisionnement. C’est pourquoi l’OBS dispose de son propre outil de production de semences, contrairement aux grands groupes qui délocalisent en Chine, en Inde ou au Chili.
L’OBS représente plus de 80% de l’approvisionnement en semences sur certaines précocités. Sécuriser la disponibilité en semences est un enjeu majeur.
ÉCHALOTE TRADITIONNELLE : DE NOUVEAUX DÉFIS
La région avait été bien fournie, en matière d’échalote traditionnelle. Avec Arvro et Longor, on avait pensé que le problème de la création variétale était réglé pour toujours.
Mais l’échalote traditionnelle s’est trouvée confrontée à la concurrence des produits de semis, et donc à de nouveaux enjeux. La filière a donc passé un contrat d’obtention avec l’OBS. Objectif principal : réduire les coûts de production. Ainsi, l’OBS a créé la variété Molène qui a pour principal atout d’être hautement résistante au mildiou.
ARTICHAUT : UNE GAMME ENRICHIE
La convention passée entre le Cérafel et l’OBS a permis de relancer la création variétale. Ainsi, la gamme Prince de Bretagne s’est enrichie avec la création de la variété Cardinal. Il s’agit d’une première étape car le travail mené actuellement sur un petit violet mieux adapté à la région est sur le point d’aboutir.
Un type Camus amélioré, avec une bonne conservation post-récolte et un bon comportement face au mildiou reste un axe majeur du programme.
COCO DE PAIMPOL : DES PRODUCTEURS IMPLIQUÉS
Cette section, qui n’avait autrefois aucune relation avec l’OBS, a été la première à signer une convention. Je considère que l’OBS et la section ont réussi là un pari : prouver l’intérêt d’une démarche de création variétale pour une production très spécifique, très isolée par rapport à la section nationale.
Comme en échalote, l’OBS produit les semences de base, et ce sont les producteurs eux-mêmes qui multiplient les semences. Il n’est donc pas question ici d’autofinancer la création variétale par la vente de graines. Les producteurs et leur section ont pris leurs responsabilités et ont su mettre en place et financer cette convention. Trois variétés ont été sélectionnées, le programme continue.
LA FILIÈRE BIO : UN ACCOMPAGNEMENT FORT
Dès 1995, l’OBS a organisé son développement en matière de production de semences certifiées AB.
Dans le règlement de production AB, il est précisé que les producteurs bio doivent se fournir en semences et plants AB. Mais il est laissé la possibilité, de manière dérogatoire, de se fournir en semences (non bio) conventionnelles non traitées. Les producteurs bio du Cérafel se sont immédiatement dit qu’ils ne pouvaient pas baser leur développement sur un système dérogatoire.
Notre objectif est de produire à prix acceptable des semences de qualité en quantité suffisante.